Au large du festival Histoire et Cité consacré au thème du voyage, nous vous proposons de mettre le cap sur quelques techniques de navigation ayant cours dans le Pacifique avant que n’apparaissent les instruments d’observation modernes.
Rejoindre une destination déterminée nécessite de connaître sa position de départ, le chemin le plus simple et le plus sûr à emprunter et d’estimer la distance qui sépare le voyageur de son point d’arrivée. Mais comment imaginer les déplacements maritimes il y a des milliers d’années ? Comment nos ancêtres appréhendaient-ils les espaces et les itinéraires ? Comment naviguer au long cours sans carte, boussole et sans GPS ? Comment s’y retrouver dans un monde où les outils de précision n’existent pas et où aucune coordonnée géographique ou document technique ne précise les éléments ?
Une tradition orale de la navigation
Au milieu du 18e siècle, l’océan Pacifique demeure quasiment inconnu pour les Européens qui nous ont livrés leurs premières impressions à l’instar du capitaine Cook. Dans cette région du monde, pendant des milliers d’années, un cercle restreint de navigateurs s’est transmis de génération en génération des connaissances traditionnelles en matière de navigation. Grâce à des témoignages récoltés durant le 20e siècle, nous connaissons les bases des techniques qui prévalaient chez les Océaniens.
En effet, le manque de vestige sur la transmission des connaissances témoigne de l’importance de la mémoire et de l’oralité. Celle-ci précise les routes, les raccourcis, les écueils, les abris éventuels, les points de ravitaillement. Des données essentielles pour qui ne veut se fier au hasard. Vivant en harmonie avec la nature, les habitants des îles du Pacifique ont su développer leurs compétences nautiques au fil du temps grâce à leur observation de l’environnement. Ils comprennent que d’innombrables éléments naturels s’offrent à ceux qui savent les apprivoiser. Alors comment naviguer ?
Un chemin d’étoiles
Outre la position du soleil en plein jour, les astres et la voûte céleste servent de principaux repères pour connaître une position et évaluer les distances. Une étoile (ou un groupe d’étoiles) constitue, au moment de son lever et de son coucher, un point de référence à suivre comme guide. Plus leurs connaissances des astres sont grandes, plus les marins sont au fait des trajectoires à emprunter selon les saisons.
Quelques jours avant le voyage, il faut mémoriser la ou les étoiles-cibles. Durant le périple, le cap de la pirogue est maintenu en fixant les étoiles retenues, les unes après les autres, en fonction de leur visibilité dans le ciel. Cette technique permet essentiellement de naviguer d’Est en Ouest dans le Pacifique. Les déplacements Nord-Sud sont plus incertains en raison des éléments comme le vent, les courants et la houle. Sans oublier que dans l’hémisphère Sud, l’étoile Polaire est invisible. Le recours à d’autres constellations est nécessaire. Avec la seconde technique, l’objectif n’est pas de cibler de manière directe une île à atteindre, car trop hasardeux. Il est nécessaire de viser l’Est ou l’Ouest de sa destination. Ainsi, une fois arrivé à proximité d’un archipel, il suffit de reprendre une trajectoire d’Est ou d’Ouest plus précise. Le déplacement se fait ainsi en deux temps.
La navigation astronomique ne suffit pas à elle seule pour atteindre une cible précise au milieu de l’océan. D’autres repères se développent au fil du temps grâce à l’observation des écosystèmes.
Inspiration naturelle
Avant de prendre le large, un bon navigateur doit savoir reconnaître les signes météorologiques permettant une sortie en mer. Ainsi, 25 sortes de nuages indiquent la présence de vents et annoncent la pluie ou le beau temps. De même, si les crabes ou le étoiles de mer se cachent, il est préférable de reporter la sortie.
Les vents servent de boussole, bien qu’imprécis. En guise de points cardinaux, les vents dominants remontés ou redescendus désignent respectivement l’Est et l’Ouest. En plus de leur orientation, leur force est également significative. Des plumes ou des feuilles servent à repérer dans quel sens ils soufflent. La houle est un élément plus précis, car la direction qu’indique son ondulation dans la durée permet aisément de maintenir le cap.
D’autres éléments comme la couleur de la mer révélant la profondeur des fonds ou les courants marins donnent des indications utiles permettant de se diriger. Selon les poissons qu’ils pêchent au large, les oiseaux renseignent sur la présence même lointaine de la terre en ce que chaque espèce s’éloigne à une même distance de la côte pour chercher son repas. Des débris flottants sur l’eau, essentiellement des végétaux, avertissent de la proximité d’un rivage. Leur degré de décomposition et le sens de leur dérive, servent à estimer la distance de la côte et la direction permettant de l’atteindre. Des cumulus persistants et immobiles indiquent souvent la présence d’une île et la couleur reflétée par les nuages signalent l’existence d’une plage ou d’un lagon.
Nous vous invitons à vous éloigner du rivage et à naviguer vers la sélection thématique de la BCUL Unithèque retenue pour l’occasion.
Informations provenant des articles:
Sélection