Que peut-on bien trouver dans les archives d’un chef d’orchestre de renommée mondiale tel que Karl Anton Rickenbacher ? La carrière de cet ancien élève d’Herbert von Karajan et de Pierre Boulez est documentée sous la forme de nombreuses lettres, coupures de presse, programmes de concerts, effets personnels, etc. On peut ainsi suivre de près le parcours de ce jeune chef ambitieux qui, de simple répétiteur à l’opéra de Zurich, sera appelé tour à tour à la tête du Westfälisches Sinfonieorchester Recklinghausen (Orchestre symphonique de Westphalie) puis du BBC Scottish Symphony Orchestra (Orchestre symphonique écossais de la BBC) avant qu’il ne se produise plus que sur invitation de grands orchestres ou de festivals.
Les innombrables concerts qu’il donne aux quatre coins de la planète font habituellement l’objet d’une mention dans la presse et l’on trouve de nombreuses critiques de ses enregistrements dans les journaux. Grâce aux programmes de concerts, il est possible de retrouver les lieux et dates de ses performances avec le titre des œuvres jouées et le nom des interprètes : une aubaine pour les chercheurs ! Sa correspondance, elle, témoigne de l’ampleur de son réseau relationnel qui englobe compositeurs, interprètes, musicologues, organisateurs de concerts, mécènes, etc. Il entretient par exemple un très bon contact avec Olivier Messiaen et son épouse Yvonne Loriod, donnant lieu à des échanges particulièrement intéressants, tant sur le plan humain que musical.
Ses partitions de direction, abondamment annotées, révèlent, elles, son travail minutieux d’analyse des œuvres en même temps qu’elles montrent l’étendue de son répertoire. Ses notes personnelles, consignées dans des cahiers de brouillon, peuvent servir à mieux comprendre ses choix interprétatifs et son esthétique musicale. Son activité musicologique intense est également attestée par plusieurs articles scientifiques publiés dans des revues musicales. A la lecture de ces textes, on découvre la vaste culture musicale de son auteur, qui, à plusieurs reprises, s’est engagé en faveur du maintien d’orchestres menacés de dissolution.
Cela aura pris du temps, mais le fonds Karl Anton Rickenbacher, conservé aux archives musicales de la BCU-Lausanne, est à présent classé et donc ouvert à la consultation. Qu’on se le dise !