Bouche à oreilles – printemps 2023

Lorsqu’un document interpelle, bouscule, amuse, transporte ou transforme, nos bibliothécaires aiment le partager avec vous. Ce partage se fait à travers les « Bouche-à-oreilles », des signets placés dans les documents disponibles dans nos différents sites.

Nous en avons sélectionné quelques-uns ci-dessous pour vous donner envie.

Livres

La femme gelée

Annie Ernaux

Fille de commerçants, Annie Ernaux a grandi dans une famille atypique pour son époque. Le père participe aux tâches ménagères et la mère n’est pas une femme d’intérieur accomplie. L’éducation
qu’elle reçoit ne la prépare pas aux rôles genrés de la société. Elle y est pourtant confrontée dès l’adolescence, dans son village normand. Lorsqu’elle entreprend des études supérieures et s’extrait de son milieu, elle constate avec stupéfaction que cette gangrène entre les hommes et les femmes s’étend à tous les milieux.

Dans ce récit, Annie Ernaux décrit sa déception de vie de mère, sa lassitude à accomplir les tâches ménagères et nourricières. Le lecteur aura alors du mal à comprendre ce qui motive l’arrivée d’un 2^ème enfant et pourra reprocher à l’auteure son incapacité à voir les contraintes de la vie de son époux qui travaille à temps plein.

Christel, site HEP

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Histoire incorrecte de Rome

Giusto Traina

Écrite à l’origine en italien par le Professeur d’Histoire romaine à la Sorbonne Giusto Traina, Histoire incorrecte de Rome (La storia Speciale, Perché non possiamo fare a meno degli antichi romani) se lit aussi facilement qu’un bon roman : si on en connait déjà la fin, on apprécie le côté décalé de présenter les intrigues ainsi que les vicissitudes de l’histoire romaine, et ce en 200 pages.

Le ton de l’ouvrage est très vite donné : « Certains de[s] [ces] titres de chapitres sont des citations classiques, d’autres des expressions modernes maquillées pour faire croire à leur grande ancienneté (p.12) » ou encore plus loin « ceci n’est pas un manuel mais une série de tableaux d’une exposition ». Exposition qu’on ne peut que vous inciter à visiter, car vous y trouverez deux réalités mises en miroir, le monde romain et la société contemporaine.

Evelyne, site Unithèque

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Arte

Kei Ohkubo

Peu coutumière du genre, j’ai été immédiatement happée par la finesse du dessin et par l’histoire se déroulant à Florence durant la Renaissance. Au cœur de l’Italie, une jeune femme, Arte, issue de la noblesse, désire plus que tout devenir artiste peintre, alors que sa mère lui préfèrerait une « carrière » de bonne épouse.

J’ai aimé voir se déployer au fil des volumes le talent et la détermination d’Arte, à lutter contre le système en place, fermé à la percée des femmes dans l’art, à la voir renoncer à ses privilèges pour vivre de sa passion, à s’épanouir dans sa voie.

Fiction librement inspirée de faits historiques, on ne peut manquer d’associer le nom d’Arte à celui de l’artiste peintre Artemisia Gentileschi (1593-1656), de l’école caravagesque, et qui connut, elle aussi, une période florentine.

Bref, une jolie série de manga de type Seinen.

Olivia, site Unithèque

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Hamnet

Maggie O’Farrell

Maggie O’Farrell imagine dans ce roman un pan de la vie intime de Shakespeare, en mettant le projecteur sur son fils décédé à 11 ans mais surtout sur son étincelante femme Agnès Hathaway.

S’inspirant de ce tragique décès (la pièce Hamlet aurait été écrite en son honneur), la romancière nous fait vivre le quotidien d’une famille au XVIème siècle avec son lot de maladies, de croyances,  mais aussi, et surtout avec beaucoup d’amour.

Un roman triste, vivant, magnifiquement bien écrit. A découvrir sans plus tarder !  Vous ne me croyiez pas ? Alors, regardez plutôt tous les prix que ce roman a obtenu : Lauréat du Women’s Prize for Fiction; Meilleur livre du New York Times ; Meilleur livre de la New York Public Library ; Meilleur livre du Guardian.

Charlotte, site Riponne

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Les longueurs

Claire Castillon

Écrit du point de vue de la petite fille, ce roman présente sans détour le mécanisme affreusement insidieux qui conduit un homme à prendre le pouvoir sur un enfant, annihilant à la fois l’innocence, la confiance en soi et la confiance portée aux adultes. Troublant de réalisme et très finement raconté, on meurt d’envie de sauver cette petite Lili, qui se pose tant de questions. Quand elle commence petit à petit à comprendre, on veut lui crier « oui, c’est ça, ce n’est pas normal, sauve-toi » mais le roman illustre parfaitement ce qu’est l’emprise et le temps qu’il faut pour s’en sortir.

Difficile de dire que l’on a aimé un tel livre, le terme ne serait pas approprié, mais la plume de l’auteure, la construction de la narration par la voix de la victime est percutante et ne peut pas laisser insensible.

Charlotte, site Riponne

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