Bien qu’elle se soit déroulée majoritairement à distance, l’année académique 2020-2021 arrive à son terme et se clôt, comme il est d’usage à l’Université de Lausanne, avec la cérémonie des Dies Academicus, placée sous le signe de l’incertitude. Parmi les trois doctorats honoris causa remis à cette occasion, l’un, sur proposition de la Faculté des lettres, distingue une linguiste française de renom international : Jacqueline Authier-Revuz. L’Université de Lausanne honore avec elle, selon ses propres termes,
une contribution exceptionnelle à l’analyse de l’énonciation, dans le cadre d’une réflexion profonde et originale, en dialogue avec l’ensemble des sciences humaines et sociales, sur la manière dont les sujets se constituent dans la langue et les discours.
Université de Lausanne, Dies Academicus, 2021.
Professeure émérite de l’Université Sorbonne Nouvelle, Jacqueline Authier-Revuz entretient un rapport privilégié avec l’Université de Lausanne, notamment avec l’unité de linguistique française qui convoque ses travaux et se nourrit de son approche interdisciplinaire du langage. Cet attachement prend racine dans les années 1980, lorsque le Département de l’instruction publique du Canton de Vaud la sollicite pour conduire une expertise dans le cadre de la réforme pédagogique de l’enseignement du français. Elle a tiré de ce mandat plusieurs études, mais aussi matière à réflexion pour l’ensemble de son œuvre, inaugurée par un premier ouvrage qui a fait date et qui a renouvelé les sciences du langage : Ces mots qui ne vont pas de soi : boucles réflexives et non-coïncidences du dire (1995).
Spécialiste de linguistique de l’énonciation, elle s’est attachée ces dernières années à reformuler la théorie du discours rapporté. On lui doit, entre autres, le concept de « Représentation du Discours Autre » (RDA), magistralement développé dans son dernier ouvrage-fleuve : La Représentation du Discours Autre : principes pour une description (2020). D’une ampleur et d’une précision rares, ce livre atteste, selon Claire Doquet, que le RDA
est inscrit dans la langue, au sens saussurien du terme, et [est] régi par un système de distinctivité spécifique qui assure son opérationnalité aux plans subjectif et énonciatif. L’étude exhaustive des formes de RDA, appréhendées du triple point de vue syntaxique, sémantique et énonciatif, rend visibles des strates de l’énonciation que la RDA découpe.
Claire Doquet, « La Représentation du Discours Autre : principes pour une description, par Jacqueline Authier-Revuz », Genesis 51, 2021.
Vous retrouvez dans Renouvaud une sélection thématique des énonciations multiples de Jacqueline Authier-Revuz.