Il y a 400 ans, naissait à Paris Jean-Baptiste Poquelin dit Molière, un des plus illustres comédiens et dramaturges français. Nous saisissons cette occasion pour lui rendre hommage à travers une sélection de documents, rassemblés dans l’Agora de la BCUL, site Riponne, jusqu’en janvier 2023. La sélection se décline également sur eLectures.
Pourquoi une telle postérité ? Si nous nous délectons encore de ses textes et de leur étonnante modernité, c’est parce qu’au milieu du XVIIe siècle, Molière invente la comédie sociale qui met à la portée du peuple, en le faisant à la fois rire et réfléchir, les grandes questions qui résonnent encore de notre temps : la relation au pouvoir, la place de la femme dans la société, la lutte des classes, la santé, la religion, etc. Il explore également les arcanes de la nature humaine (la vanité, l’avarice, le désir ou l’hypocrisie) avec une causticité nouvelle. À travers ces « farces profondes », le dramaturge rassemble et unifie : c’est sans doute pourquoi nous parlons aujourd’hui la « langue de Molière », constitutive à la fois de notre identité et de notre patrimoine commun.
Molière invente étalement un autre genre de spectacle théâtral : la comédie-ballet. Dès 1661, de nombreuses pièces du dramaturge commencent à intercaler musique, chant et danse entre les actes parlés. Souvent Molière s’y distribuait d’ailleurs un rôle chanté. Les goûts de Louis XIV, amateur de danse et danseur lui-même, sont ainsi satisfaits. Qui sera le compositeur de prédilection ? Jean-Baptiste Lully. C’est le début d’un tandem gagnant et fructueux auquel se rajoute le chorégraphe Pierre Beauchamps.
Après la rupture entre les « deux Jean-Baptiste », Molière se tourne vers Marc-Antoine Charpentier, un jeune musicien encore inconnu. Leur collaboration aboutit à la « comédie mêlée de musique et de danse » Le malade imaginaire. Lors de la représentation au Palais-Royal en 1673, Molière tombe malade sur scène et meurt peu après. Après la mort de Molière, la comédie-ballet décline et est rapidement dépassée. Elle laisse cependant un héritage remarquable dans le théâtre français avec l’utilisation de musiques de scène. Quant au dramaturge, il continue d’inspirer nombreux compositeurs : Frank Martin, Jules Massenet, Charles Gounod, Richard Strauss, Rolf Liebermann, Gian Francesco Malipiero, Alberto Franchetti, Erik Satie, Alexandre Tansman, Nino Rota et bien d’autres.
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