Les phénomènes météorologiques ont toujours nourri l’inspiration des compositeurs. Mais savez-vous quel type de temps les frappe davantage ? C’est la tempête, l’orage. Pourquoi ? Probablement en raison de son utilisation métaphorique. Des vents violents et de fortes pluies, des tonnerres et des éclairs… ces phénomènes représentent bien la turbulence émotionnelle humaine et ils sont le prétexte pour évoquer un tourment intérieur.
De quelle manière, sont-ils représentés dans les œuvres musicales ? Les compositeurs peuvent compter sur l’aide des différentes familles d’instruments. Des instruments ont même été spécialement construits. Le héliophone, appelé couramment machine à vent, par exemple, est utilisé dans la musique dès le 17e siècle pour reproduire, comme son nom le dit, le son du vent.
Dans la musique baroque, Vivaldi, par exemple, utilise essentiellement des instruments à cordes et une basse continue. Mais il recourt aussi à des procédés musicaux tels que la répétition (de noires, croches ou doubles croches sur différentes valeurs rythmiques), les gammes rapides ascendantes, les changements de tonalité et l’interruption de la mélodie (par ex. la célèbre tempête à la fin de l’« Estate » des Quattro stagioni). La virtuosité orchestrale cherche donc à recréer les effets de la forte pluie, des éclairs, des coups de tonnerre et devient le lieu commun pour exprimer la tension associée à la tempête.
Beethoven, ayant vécu un siècle plus tard, avait à disposition un orchestre beaucoup plus vaste. Pour imiter les sons météorologiques, il utilise alors la puissance sonore : les instruments à cordes graves, tels que les contrebasses et les violoncelles en tremolo, mais aussi les timbales, les trompettes, les trombones, le piccolo pour illustrer des éclairs,… (l’orage dans sa Symphonie n° 6 en fa majeur opus 68, dite Pastorale).
Dans son Alpensinfonie, dans la section Gewitter und Sturm, Abstieg, Richard Strauss utilise encore les lieux communs utilisés dans le passé : la pluie par des notes brèves aux bois aigus et par le pizzicato des violons, les éclairs par l’ottavino, l’utilisation de la machine à vent. Il adopte également une instrumentation maximale, avec notamment l’utilisation d’une machine à tonnerre et l’usage intensif de l’orgue, qui déchaîne la fureur de la tempête.
Nombreuses sont les tempêtes instrumentales, mais imaginez ce que la musique parvient à rendre si vous y ajoutez du texte, du chant ! Chaque état d’âme est amplifié et compris dans son intégralité. C’est grâce à l’union musique-chant, qu’un genre musical tel l’opéra réussit à faire vivres les différentes facettes de l’âme humaine. Et comme la nature participe aux sentiments humains, une tempête dans l’opéra accompagne et souvent est le signe annonciateur d’une tragédie imminente. Emblématique à cet égard est le débarquement d’Otello dans l’opéra éponyme de Verdi : la fureur de la nature, cette effroyable tempête, impétueuse dès les premières notes aux timbres lacérants et faisant rage aussi bien sur scène que dans l’orchestre, est non seulement le début de l’opéra, mais aussi l’introduction à la tragédie humaine qui sera consommée peu après.
Rossini aussi avait mis en musique un Otello. Contrairement à Verdi, la tempête rossinienne se déroule dans le dernier acte : le déchaînement des éléments va de pair avec l’explosion de la jalousie et de la rage folles du Maure, et le meurtre-suicide se profile de manière menaçante.
Les exemples de tempête en musique sont nombreux… et alors découvrez notre sélection de documents !
La série Prévisions musicales continue : rendez-vous au 1er juillet 2024.
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